Des pratiques maraîchères en moyenne montagne respectueuses du sol et de la nature : Iwan Van Hoogmoed et Natacha Camerini pratiquent le maraîchage en moyenne montagne depuis 2018 à Condom-d’Aubrac. Le couple s’attache à cultiver des légumes dans une approche respectueuse du sol, à partir majoritairement de leurs propres plants et semences. Un savoir-faire exigeant qui demande du temps, une rigueur, des méthodes spécifiques et qui leur tient à cœur car générateur de sens d’un point de vue écologique et social. Rencontre.
Lasbros. À une dizaine de kilomètres après Curières, ce petit lieu-dit rattaché à la commune de Condom-d’Aubrac dissimule, en hauteur, des parcelles hautes en couleurs. C’est ici, à 1030 m d’altitude, qu’Iwan et Natacha cultivent depuis 2018 plusieurs centaines de variétés de légumes encadrées de nombreuses fleurs. Aujourd’hui, le couple est bien connu des habitués des marchés de Laguiole les samedis et Sainte-Geneviève-sur-Argence les mercredis. Une réussite qui vient récompenser les efforts du jeune couple, qui s’emploie toute l’année à cultiver, récolter ou transformer leurs légumes (hormis l’hiver où un manteau neigeux vient la plupart du temps réconforter le sol).
• Tout est parti d’une rencontre
Leur installation ? Ils la doivent à la volonté de celui qui est aujourd’hui leur voisin : Émile Griffoul, habitant de Lasbros. Ils le rencontrent lorsqu’ils sont tous les deux en BTSA « Gestion et Protection de la Nature » dans un lycée de la Margeride lozérienne. Très vite, le courant passe bien entre eux et, après la formation, le couple, à la recherche d’une activité qui a du sens, lui expose sa volonté de créer une micro-ferme en maraîchage biologique. Émile leur propose un terrain à Lasbros et, dans le même temps, une opportunité de logement dans le lieu-dit tombe à pic. « Initialement, ce n’était pas le terrain parfait pour le maraîchage car en pente et exposé nord, mais la terre est riche et le cadre exceptionnel ! », lance Iwan.
Fin 2022, cinq ans plus tard, bonne nouvelle : ils s’agrandissent et parviennent à acheter un hectare plat et bien exposé à quelques centaines de mètres de là. Ils peuvent désormais réellement se projeter et construire les infrastructures nécessaires pour faciliter la logistique (un bâtiment pour stocker le matériel, une cave pour conserver les légumes au frais, une pépinière bioclimatique permettant de commencer les semis plus tôt…).
Pourquoi « Mauvaises Herbes » ? Iwan nous explique :
« Parce que, comme nous, les « mauvaises herbes » poussent spontanément là où elles n’étaient pas attendues. Autrement dit, nous sommes tous deux des « adventices », qui signifie littéralement « venir d’ailleurs ». »
• Une vingtaine de tonnes de légumes à l’année
« Nous avons développé une méthode bio-intensive, vu la petite surface dont nous disposions jusqu’ici. Cette méthode nous a permis de rendre très efficace et productive la surface en optimisant au maximum les planches de cultures grâce à des techniques agronomiques spécifiques », explique Iwan. Un choix idéal qui rend possible la réutilisation du matériel sur chaque planche de culture : bâches tissées, goutte-à-goutte, voiles d’hivernage, filets anti-insectes et anti-grêles… « D’un point de vue technique et variétal, tout est possible. Le maraîchage ne se fait pas qu’en plaine ! Nous avons testé de nombreuses variétés pour trouver les plus adaptées à notre climat et essayons aujourd’hui de reproduire un maximum de semences. Nous fonctionnons notamment avec des variétés japonaises ou sibérienne, qui ont, comme ici, des climats un peu rudes avec de fortes amplitudes », détaille Natacha. Pour se donner une idée, même si c’est difficilement quantifiable, le couple produit au moins une vingtaine de tonnes de légumes à l’année ! « Nous essayons de proposer des légumes qui sortent des standards et c’est ce qui rend le travail intéressant, notamment dans le rapport à notre clientèle », conclut Iwan.
Repères
150 : C’est approximativement le nombre de variétés de tomates proposées à la vente par le couple. Il y a aussi plusieurs variétés de courges, d’haricots, de radis, d’oignons ou de carottes…
1030 : C’est en mètres l’altitude des parcelles de maraîchage situées à Lasbros.
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• Des pratiques respectueuses et un schéma de production vertueux
Iwan et Natacha mettent un point d’honneur à limiter leur impact sur le sol et dans leur production et commercialisation. « Pour le sol, mis à part pour les pommes de terre, nous excluons complètement le labour. À titre d’exemple, un simple labour de 20 cm du sol, ce sont 600 kilos de CO2 par hectare qui s’échappent dans l’air dans l’heure qui suit et autant dans le reste des 24 heures. Nous rajoutons donc de la matière organique en surface et nous bâchons. C’est le meilleur rapport en termes de consommation énergétique et, écologiquement, c’est essentiel », explique Iwan, ajoutant : « Nous faisons en sorte d’être producteurs d’externalité positive pour l’environnement, c’est-à-dire que le ratio entre notre consommation énergétique pour produire et notre produit final est positif. On y parvient car on utilise les rendements de l’énergie solaire et on travaille en circuit ultra-court par exemple. »